Assise sur une petite chaise, elle tenait le livre, ses mains jointes délicatement comme celles d’une reine en reposant sur son hermine. Elle ne le lisait pas ; ses grands yeux gris regardaient les gens du café sous les cils épais. Avec sa peau livide et ses lèvres rouges, elle ne semblait pas humaine, mais plutôt un portrait d’un cadavre exquis. Encerclant son poignet était un mince bracelet d’or, plein d’émeraudes qui brillait dans la lumière. Ses cheveux bouclés et noirs encadraient son visage, s’enroulant comme les serpents de Médusa autour de la tête. Elle semblait détendue, mais en fait, elle était rigide, ses doigts battaient la mesure sur un bras de la chaise avec leurs cuticules ensanglantées. Barbouillé de rouge à lèvres, sa tasse de café était presque vide ; elle l’avait englouti en deux gorgées. Des poèmes étaient griffonnés sur ses bras, quelques vers de Rilke croisaient ses veines grandes et bleues. Elle portait le noir la tête aux pieds, sauf que des vielles ballerines sur ses pieds, tout juste roses. En fredonnant une valse de Chopin, elle se levait, en partant du café sous la pluie. À travers la rue, une femme l’attendait, en tapant sa montre avec une expression grave.
jeudi 22 septembre 2011
Quelqu'un
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