vendredi 9 décembre 2011

Le Hoquet

Un.

Deux.

Trois.

Quat—hoquet!

Jeanne a souri, parce que pendant quatre secondes, elle n’a pas hoqueté. C’était, vraiment, un miracle.

La première fois elle avait hoqueté il y a deux jours, Gérard, son colocataire, avait dit : « O, quelqu’un pense à toi ! »

« Je pensais que ça c’est quand ton oreille démange. » Jeanne avait hoqueté encore, et la tasse d’eau ne l’a pas aidée.

« Non, c’est le hoquet !» leur autre colocataire, Jean, avait dit du salon, où il avait lu le journal. Et ça c’était la fin de la discussion, parce que Jeanne avait hoqueté. Mais qui penserait à elle ?

Aujourd’hui était le jour de l’enterrement de la mère de Jeanne.

« Peut-être que nous allons avec toi ? » Jean a demandé.

Elle a serré les lèvres. « Non, je vous ai dit que je ne veux pas que vous veniez. Pourquoi devez-vous, en tout cas ? Vous ne la savez pas. Même je ne veux pas aller, tu sais ça.»

« Oui, mais… »

Jeanne a essayé de sourire. « Je pense que toi et Gérard doivent boire—hoquet !—du vin. Quand tu es si sérieux, il est étrange, tu sais ? » Et elle a mis son manteau noir et elle est allée à l’église.

L’enterrement était horrible. Elle a continué à faire le hoquet ; ce n’arrêtait jamais. Il semblait que le hoquet est devenu pire avec chaque minute. Jeanne n’a pas pu pleurer, mais elle a pu hoqueter. Elle sentait tout autour d’elle les amis de sa mère la regardant avec une expression épuisée. Pas d’expression de compassion, ou de mécontentement. En fait, s’ils étaient en colère, Jeanne, elle a admis étonnement à elle-même, serait contente. Parce que ça c’était un signe que sa mère se serait intéressé à elle au temps de sa morte. Savaient-ils qui était-elle ?

Un hoquet, deux hoquets, trois hoquets. Et personne n’a dit, « Mon Dieu, Jeanne, ayez de la respecte pour ta mère, elle souffrait pour toi ! » comme ils avaient dit une fois il y a longtemps.

Quand elle a réalisé ça, elle voulait être la personne morte.

Elle est retournée chez elle, où elle pouvait entendre les rires de ses colocataires.

« Jeanne ! » Gérard a dit quand elle est entrée la cuisine. « Viens boire avec nous ! Voilà, une tasse pour toi. Oh là là, tu hoquètes toujours ? Une tasse pour ton hoquet, non ? » et ils ont ri.

Pourquoi pas ? Jeanne est assise près Jean. « Le hoquet, » elle a dit avec un hoquet, « peut-être c’est le symbolisme ! » Il était étrange, et un peu triste, la façon dont Jeanne a caché ses sentiments. Ils étaient si gentils, pourquoi elle ne les a jamais parlé de sa mère ? Il serait si facile.

Gérard a fait non de la tête. « Arrête. Tu parles trop de symbolisme. Aujourd’hui, je vous parlerai n’importe quoi. Quand j’étais très petite… »

« Quand j’étais très petite, » Jeanne a interrompu, un tremblement étouffé dans sa voix, « ma mère m’a dit toujours : « Tu es ma petite princesse. » Quelle plaisanterie, non ? Resquieat in pace, ma chérie ! » Elle a fini sa tasse de vin.

Jean a essuyé les larmes de Jeanne et dans son étreinte, elle a hoqueté.

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